Parmi les anniversaires commémorés dans l’histoire canadienne, certains sont tragiques. Ils évoquent des souvenirs douloureux et des émotions complexes. Tel est le cas de la Crise d’octobre 1970.
Tout commence le 5 octobre lorsqu’un mouvement indépendantiste, socialiste et violent, le Front de libération du Québec (FLQ), kidnappe l’attaché commercial du Royaume-Uni à Montréal, James Cross. C’est le premier enlèvement politique de l’histoire de l’Amérique du Nord. Les ravisseurs formulent plusieurs exigences, dont la présentation de leur manifeste à la télévision de Radio-Canada. Voulant gagner du temps, le gouvernement fédéral cède sur ce point, et le Manifeste est lu par l’animateur Gaétan Montreuil. Le vocabulaire implacable, très cru, cristallise les opinions de toute part.
Un nouveau coup de théâtre survient le 10 octobre : une autre cellule du FLQ enlève le vice-premier ministre du Québec, Pierre Laporte, devant sa résidence de la rive sud de Montréal. Ce qui était une crise devient un drame pancanadien. Une peur légitime s’empare de la population.
Le 15 octobre, le gouvernement fédéral dépêche 8 000 militaires pour rétablir l’ordre au Québec, notamment à Montréal. La ville est agitée, depuis quelques années, par des attentats à la bombe, des grèves illégales et des manifestations houleuses. Le maire Jean Drapeau et son service de police sont débordés et craignent le pire.
À 4 heures du matin, le 16 octobre, le premier ministre fédéral Pierre Elliott Trudeau prend une grave décision. Répondant aux demandes du premier ministre québécois, Robert Bourassa, et du maire Drapeau, il décrète la Loi sur les mesures de guerre. Cette loi puissante n’a jamais été invoquée en temps de paix. Elle donne de très vastes pouvoirs aux autorités policières. Environ 500 personnes sont ainsi emprisonnées, et 31 000 autres sont perquisitionnées.
Le lendemain, tard en soirée, le FLQ contrattaque : le cadavre du ministre Laporte est retrouvé dans le coffre d’une voiture stationnée, par provocation, sur une base aérienne fédérale. C’est le premier assassinat politique au Canada depuis celui de Thomas d’Arcy McGee, en 1868. La crise se résorbe dans les semaines qui suivent, avec la capture des ravisseurs, la remise en liberté de la vaste majorité des personnes suspectées et la libération heureuse de James Cross.
Après 50 ans, si la Crise d’octobre appartient au passé, elle demeure controversée sur maints aspects. Le drame aurait-il pu être évité, ou géré différemment? Les réponses ne seront jamais définitives… Les collections du Musée permettent d’explorer les évènements tragiques d’octobre 1970 à travers les expériences vécues par des personnalités clés.
Pour en savoir plus, consultez l’article de blogue du Musée « La Crise d’octobre : un aspect vécu ».