Saviez-vous que le mois d’août est le Mois de l’archéologie dans la région de la capitale nationale ainsi qu’au Québec? Depuis quelques années, le Musée canadien de l’histoire participe à cette initiative du réseau Archéo-Québec en organisant des activités de tous genres visant à rendre cette science fascinante plus accessible pour le commun des mortels. Le Musée dispose d’une équipe d’archéologues avides de connaissances, qui entreprennent des projets de recherche menant souvent à des découvertes qui aident à dévoiler de nouveaux renseignements sur différentes facettes de l’histoire ancienne du Canada. Dans le cadre du Mois de l’archéologie, j’ai voulu vous faire part d’une de nos plus récentes acquisitions, qui en dit long sur l’histoire des Premières Nations.
Le Musée a récemment mis la main sur sept récipients autochtones en céramique de la période précédant le contact avec les Européens. Ces récipients ont été trouvés par des plongeurs sportifs dans les eaux profondes du fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Kingston, en Ontario. Soulignons qu’il est très rare de trouver des vases complets ou presque. Ces découvertes représentent donc une occasion en or d’examiner les formes complètes des récipients ainsi que l’agencement des différents éléments décoratifs.
Grâce à la datation au radiocarbone et à l’analyse des composantes chimiques des résidus retrouvés sur les parois des vases, nous en savons davantage sur l’utilisation et l’âge des récipients. Par exemple, nous pouvons affirmer que quatre vases ont servi à faire mijoter de la chair de cervidé, probablement du chevreuil. De plus, le plus ancien vase aurait été fabriqué il y a presque 2 000 ans et le plus récent, il y a environ cinq siècles.
Un vase a révélé la présence de caféine. À première vue, on pourrait croire qu’il y a eu contamination. La caféine se retrouve toutefois naturellement dans deux plantes de l’Amérique du Nord, dont le cacao du Yucatán. La seconde plante, Ilex vomitoria, qui pousse dans les États de la côte nord du golfe du Mexique, servait à fabriquer une boisson qui, à l’époque de l’arrivée des Européens dans la vallée du Mississippi, était consommée par des initiés autochtones. La plante les préparait à certains rites et cérémonies en les purgeant de tout ce qu’il y avait de malsain dans leur corps.
Se pourrait-il qu’un réseau de troc ait permis le transport de cette plante symboliquement si puissante jusqu’aux Premières Nations de la région des Grands Lacs? Il reste évidemment bien d’autres analyses à effectuer avant de pouvoir avancer cette théorie, mais la possibilité d’un troc de plantes rituelles entre les habitants anciens du golfe du Mexique et ceux de la région des Grands Lacs demeure très intrigante, n’est-ce pas?