Bien avant l’arrivée du téléphone cellulaire dans nos vies, nos ancêtres s’envoyaient des messages… à l’aide du télégraphe. Au Canada, dès 1846, il était en effet possible d’envoyer des messages encodés en alphabet morse, un code composé d’impulsions courtes et longues. Ces messages étaient transmis sur de grandes distances, par câble, à l’aide de la technologie du télégraphe et au moyen d’un courant électrique. Cependant, contrairement aux textos d’aujourd’hui, ces messages envoyés par télégramme pouvaient difficilement rester confidentiels : la transmission d’un télégramme nécessitait en effet l’intervention d’un opérateur qualifié, qui transcrivait les messages à transmettre ou décodait les messages transmis. Dès les années 1850, les gens des milieux aisés avaient pris l’habitude d’échanger des vœux et des nouvelles par télégramme. Certains prenaient même plaisir à jouer aux échecs à distance en s’envoyant des télégrammes pour indiquer leurs derniers mouvements. C’est toutefois la presse d’information qui popularisa l’usage du télégraphe, au point où il arrivait parfois, à la fin du xixe siècle, que des Canadiens de certaines villes prennent d’assaut les bureaux de télégraphe pour avoir les dernières informations… avant la publication du journal du lendemain.
Au Canada, les lignes télégraphiques étaient installées le long des chemins de fer et utilisaient les lignes de transport d’électricité disponibles. Ainsi, à cette époque, la compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique (CP Rail) offrait des services de télégraphe. En partie grâce à cette compagnie, une ligne de télégraphe pancanadienne sera complétée en 1886 entre la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique, soit un an après la mise en place du chemin de fer transcontinental, qui s’étendait lui aussi de la Nouvelle-Écosse à la Colombie-Britannique. C’est donc par l’intermédiaire d’un télégramme officiel, envoyé le 7 novembre 1885 par William Cornelius Van Horne, directeur général du Canadien Pacifique, que sir John A. Macdonald, premier ministre du Canada d’alors, apprendra l’installation du dernier crampon du chemin de fer transcontinental.
La première tentative de télécommunication transatlantique aura lieu en 1858, mais il faudra attendre l’année 1866 avant qu’un câble télégraphique fonctionnel ne soit durablement installé entre l’Europe et l’Amérique du Nord. À une époque où les bateaux mettaient plus de 10 jours à traverser l’Atlantique, les messages télégraphiques prenaient dorénavant, dans des conditions optimales, quelques minutes à franchir l’océan.
Viendra ensuite, au début du xxe siècle, la télégraphie sans fil par onde radio (TSF), inventée par le physicien et homme d’affaires Guglielmo Marconi (1874-1937), et qui sera particulièrement utile pour les communications des bateaux en mer. À la suite du naufrage du Titanic en 1912 et de la transmission d’un message SOS, pas moins de 700 passagers purent être secourus grâce à cette technologie. Dès lors, les bateaux en mer auront l’obligation de disposer de la TSF.
Plus près de nous, pas moins de 465 personnes seront secourues à la suite du naufrage de l’Empress of Ireland, dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, le 29 mai 1914, en partie grâce à la présence de ce nouveau dispositif, tandis que 1012 personnes périront. Le Musée canadien de l’histoire dispose de nombreux objets, dont une pile utilisée par un télégraphe de l’Empress of Ireland, qui témoignent de cette tragédie.
Comme quoi il ne faut pas sous-estimer le rôle du télégraphe dans l’histoire!